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Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/200

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CHRONIQUE D’UN TEMPS TROUBLÉ

Je fis répéter, Thierry répéta, et la triste chose courut sur le fil à travers la France. Mais Thierry fut aussitôt vengé.

— Mon chéri, lui dis-je, je n’en crois pas mes oreilles ! Si c’est vrai…

— Trois minutes !

La voix aigrelette de la téléphoniste.

— Ah ! elle est aimable, celle-là ! dit Thierry. Elle doit être agréable à voir !

— Tu ne la verras pas, sois tranquille, tu as bien assez de l’eau de Javel. Mais comme je n’admets pas ce genre de leçons…

— Moi non plus, papa !

— Je te prie tout de suite de fermer le livre où tu apprends ces choses affreuses…

— Bien, papa !

— De les oublier.

— Oui, papa !

— Et de te dire seulement qu’en compensation, tu me verras demain.

— Ah ! non, papa !

— Comment non !

— Papa, c’est impossible demain.

— Qu’est-ce que tu veux dire, Thierry ?

— Papa, fais-moi confiance. Je ne peux pas t’expliquer au téléphone. Tu penses que je suis ravi de te voir, papa, mais pas demain !

— Thierry, permets-moi de te dire que je te trouve étrange !

— Non, papa, après-demain ! Après-de-