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Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/216

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CHRONIQUE D’UN TEMPS TROUBLÉ

ceux-là, tandis que j’applaudissais, me trouvais sur son passage, sortais avec lui, lui demandais son adresse en Suisse. Au moment où nous quittions la salle, le pasteur Bleakok, faisant écho à la désapprobation générale, reparlait de sa place, et stigmatisait « les enfants de ténèbres, qui craignent le grand jour » !

— Ce sont là de dangereux excités, dis-je au professeur Bauer, aussitôt que nous fûmes dehors.

Mais celui-ci restait doux, se refusait à les accabler, et me dit simplement :

— Le monde entier, monsieur, est dans le même désordre sur toutes les questions, parce que le monde entier touche à tout sans en avoir le droit ni les moyens. Sincèrement, je commence à craindre… que ce ne soit la fin de l’esprit.