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Page:René Benjamin - Chronique d’un temps troublé, 1938.djvu/88

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Comment rester dans cet état ! Ce fut la phrase de toutes les amies à qui elle confia sa peine. Un matin, d’une voix mourante, elle téléphona à Mme Zona, la libraire de l’Étoile. Celle-ci dit : « Chère amie, je vous entends à peine ! » Ce qu’elle espérait, pour pouvoir répondre : « Le jour est proche, où vous ne m’entendrez plus ! » Alors, Mme Zona reprit avec autorité :

— Très chère amie, j’ai un médecin extraordinaire, qui m’a complètement remise sur pied ! Et j’avais des troubles, je ne dis pas plus graves que les vôtres, mais aussi surprenants. Ce médecin, si je vous parle de lui, c’est qu’il n’a pas les méthodes ordinaires ; c’est un médecin qui pique !

— Oh ! (Jeanne eut un gémissement.)

— Attendez ! Il ne pique pas avec une seringue, mais avec des aiguilles, comme les Chinois. Êtes-vous au courant de leur système ? Ce médecin peut vous rendre vos forces en une visite !

— Une visite ? (La voix de Jane reprit du ton.)

Trois heures après, elle sonnait chez le docteur Mouxy, un homme long, paraît-il, nerveux et saccadé. Il la pria d’exposer son cas, l’arrivée, le processus, l’enchaînement de ses malaises. Elle se mit à parler ; il se mit à écrire. À l’annonce de chaque souffrance, il disait : « Bien ! Très bien ! » Puis