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Page:René Benjamin - Gaspard, 1915.djvu/230

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GASPARD

compte, dit doucement le professeur. Mon état d’inapte n’est pas l’effet d’un calcul, mais d’une réalité… Je souffre d’une abominable entérite.

— Entérite ? Comment c’est l’entérite ? dit Gaspard.

— C’est… douloureux.

— Où qu’ ça t’ tient ?

— Dans les intestins.

— C’t une colique ?

— Oui et non.

— Et… à quoi qu’il voit ça l’ major ?

— En avez-vous ? dit le professeur.

— J’ sais pas… ça peut v’nir.

— Il a déjà été à la chasse, comprends-tu, dit Moreau. Il en a r’çu ; il sait c’ que c’est et il tient pas autrement à r’mettre ça.

Gaspard ne répondit rien. Il jouait machinalement avec un fétu de paille.

— Eh bien, dit le professeur, qu’il prenne mon entérite : je prendrai sa place là-bas.

— Oh, ça va, dit Moreau, nous en fais pas un plat. Quand t’auras vu c’ que c’est, t’aimeras p’t êt’e mieux tes pantouffes et ta bourgeoise.

— Je n’ai pas de bourgeoise.

— T’es pas marié ? T’es vieux gars ?

— Eh oui !

— Ah ben, Ferdinand, c’ que j’ te fouterais des impôts !