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Page:René Benjamin - Gaspard, 1915.djvu/251

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GASPARD

— Hein ! ça s’appelle être asphyxiées !… Et l’ gosse, où qu’est l’ gosse ?

— Ben, il dort.

— Oh ! c’ culot !

Il alla l’éveiller lui-même ; il le mangea de caresses, les larmes aux yeux ; et pendant que sa mère allumait des bougies partout, pendant que Marie commençait du café, criant :

— Alors, tu t’as battu ? Combien qu’ t’en as tué ? Quand ta balle elle t’a arrivé, comment qu’ ça t’a fait ?

Lui, son moutard sur les bras, répondit, solennel :

— On va vous raconter ça, dans l’orde !

Et il commença le récit de sa campagne, de sa vie d’hôpital et de dépôt.

— Ah ! j’ vous promets qu’on s’en fait pas !… Et on les tient !… Et pis faut voir ces gueules qu’ils ont ! Des vrais cochons, ah ça c’t’ à voir !… Et pis sans blague, une goujaterie ! Des mufl’ qui tirent sans vous prévenir ! Ils regardent jamais si vous êtes là !… J’ vous aurais bien porté d’ leur couenne, mais c’est trop dur, c’est pas bouffable ! Et pis ça pue dans l’intérieur.

Son intérieur, il le regardait de tous ses yeux.

— Ah ! la cagna ! R’voir sa cagna !… C’est propre ici, et c’est mignon.

Marie dit avec un sourire :