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GASPARD

— Un peu court !… De c’ temps-ci ? Tu sues déjà pas d’ trop ?

Le suivant se présentait :

— Essaye vite ! Et du nerf !… Épatant ! Sur mesure !

— Un peu long… risquait l’homme.

— Un peu long !… Et quand viendra la fraîche, monsieur en r’demandera ?

Il n’y a que pour Burette qu’il changea de ton.

C’est Burette qui disait :

— Ça va, je t’assure, ça va…

— Tais-toi, t’y connais rien, t’es journalisse, toi, tu sais pas. Moi je veux t’ nipper à mon idée, pasque t’es un copain, et un copain pas fier, quoiqu’tu soyes bachelier… J’ t’ai reniflé, comprends-tu, et j’ sais comment qu’ tu causes.

— Mais comment voudrais-tu…

— Enfile voir… Pas si vite… Ça colle pas… Ôte-moi ça.

— Tu ne vas pas tout retourner ?…

— J’ ferai c’ que j’ai à faire ! J’ te dis qu’ t’es un copain : donc, j’ me conduis comme un copain. C’est pas pasqu’y a la guerre que l’ sentiment fout le camp… Prends c’ falzar-là ; t’es bath avec… Moi, quand j’ai des copains, c’est sacré, comme ma vieille et mon gosse… Tiens, essaye c’te capote… Ma femme aussi, quoi, j’ la gobe bien, mais ma vieille, c’te pauv’ vieille… Ah, on rigole comme ça,