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Page:René Benjamin - Gaspard, 1915.djvu/321

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Elle fit : « Ah ? » Elle était un peu étouffée ; elle roulait nerveusement son mouchoir dans sa main.

— Dites, monsieur, où a-t-il reçu sa balle ?

La question était nette. Plus de détours possibles… Mais soudain, le cœur de Gaspard lui suggéra la trouvaille que sa cervelle cherchait en vain. Et tranquille, il répondit :

— Là, madame, t’t’à fait comme ça…

L’index sur le front, il approchait la tête comme pour qu’elle vît mieux. Elle parut fort surprise :

— Au front ? Son sergent m’a écrit : au ventre.

— Au ventre ! Ah ça, madame, c’est malheureux d’dire des choses pareilles ! Qu’est-ce qu’il en sait l’sergent ? Y a qu’moi, madame, qui l’a vu ; y a qu’moi !

Elle reprit vivement :

— Ça, il me l’a écrit. Il a même ajouté : « Monsieur Gaspard était un frère pour votre mari. »

Gaspard eut un trouble léger.

— Oh ! est-ce pas… c’est qu’Burette c’était un bon copain : chaque fois qu’on distribuait un coup d’vin…

Elle l’interrompit :

— A-t-il souffert ?

Il haussa les épaules presque joyeusement :

— Souffert ! Pensez voir ! Il a tombé d’un coup