Page:René Benjamin - Gaspard, 1915.djvu/42

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ou caporaux, qui voulaient voir et être vus les derniers.

Cependant, on apercevait Gaspard, Burette et Moreau, quoiqu’ils n’eussent aucun galon sur les manches. À leur wagon, c’étaient les gradés qui se tenaient derrière.

À trois heures juste, le convoi se mit en route. Acclamations mêlées : « Hourra ! Hourra ! À Berlin !… À bas Guillaume !… Au revoir les amis… Bonsoir la grosse blonde !… À Berlin !… Berlin ! » Les civils répondaient : « Bonne chance ! Bon courage ! Tuez-en beaucoup ! Revenez-nous vite ! »

Et la colonelle, qui regardait toujours derrière son face-à-main, lançait encore des fleurs, qu’un lieutenant attrapait au vol en grimpant dans son compartiment.

La machine sifflait, sifflait : adieu vibrant à la Normandie. Le chef de gare était sur le quai, agitant son drapeau. — Soudain, une voix goguenarde lança sur l’air du « Petit Navire » : Il est cocu, le chef de gare !…

C’était Gaspard… qui partait se battre.