Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/113

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n’est pas tout ce qu’il s’est dit ! Que s’est donc dit Tite-Live ? Il aurait pu se dire : « Je suis un historien, et au nom de l’histoire… » Non ! Il ne se l’est pas dit ! Messieurs, il semble, — autant qu’on puisse le dire, puisque lui-même ne l’a pas dit, — il semble qu’il se soit dit ceci : « Oh ! que c’est singulier !… J’ai devant moi des légendes, des légendes dont quelques-unes sont puériles, des légendes vraiment enfantines, des légendes… enfin, je dis bien, puériles. Et tous mes concitoyens y sont attachés ; tous semblent y croire, ils les aiment ; bien mieux, ils les respectent ; bien plus, ils les défendent, c’est-à-dire qu’ils me défendent à moi, à moi Tite-Live, à moi historien, à moi qui veux faire œuvre impartiale, de dire précisément qu’elles ne sont rien, ou pas grand’chose, sinon des légendes. Ceci, en vérité, est extrêmement singulier. Ceci est même si singulier que ceci est mystérieux. Bref, il y a obscurité. Donc il doit y avoir doute. Je suis en présence de choses qu’il faut tirer au clair. En sorte qu’il convient de peser, et pesant