Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/119

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Martha. Vous êtes affligés, n’est-ce pas, de leur rhétorique ? Eh bien, un homme, que j’appellerai « le rénovateur des lettres » à la Sorbonne, a éprouvé cet état pénible, voici déjà quelque quinze ans. Aussitôt, par haine d’un enseignement oratoire et superficiel, voulant en cela suivre le mouvement prodigieux donné aux sciences historiques par M. Aulard et M. Seignobos, il a créé les études littéraires scientifiques. Ne froncez pas les sourcils : les belles choses ne sont pas toujours tout de suite accessibles. M. Lanson, car il s’agit de M. Lanson — (vous pouvez rester couvert) — a fondé le « Laboratoire des Lettres », dans lequel on dépouille objectivement, on compile scientifiquement, et on se défend surtout de penser personnellement. On travaille, comme pour l’Histoire, parmi des casiers de fiches. La Fontaine, par exemple, a écrit une fable qui s’appelle L’Ivrogne et sa Femme. Avant de la lire, on se précipite sur toutes les fiches ayant trait aux ivrognes connus, passés ou présents. On établit par une statistique le nombre de fois que les auteurs français ont mis