Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/129

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Enfin, après dix, douze leçons, il se décide tout de même à essayer — oh ! simple essai ! — de lire un peu, un rien de Molière, du Molière en vers, vers larges et puissants, qu’il traduit dans une prose sorbonarde, impersonnelle et invertébrée, la seule permise (souvenons-nous de M. Lanson, et méfions-nous des grâces du talent !)

Pleurez mes tristes yeux ! En dépit de notre attente, même en dépit de la science, quand M. Michaut — qui, ne l’oublions pas, est un homme excellent, — lit ce que nous avons de plus franchement drôle dans notre littérature, quand il le lit en Sorbonne, ce foyer de l’esprit, devant le public de Paris, cette lumière du monde, — personne jamais, ni vieux, ni jeunes, ni les Asiatiques, ni les Européens, personne jamais ne songe à prendre même un air qui ressemble à de la gaîté. Il lit Molière, et personne ne rit !…

Chut ! ne vous indignez pas ! Quelqu’un de haut placé m’a fait entendre qu’ainsi M. Michaut élevait le comique de l’auteur jusqu’à la gravité de l’Étude… Ceci est troublant. À mon tour de m’élever ; la