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Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/158

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fiches ? » dit Lanson. On a le cœur ému par Ronsard et Racine : « Quelles sont vos sources ? » dit Michaut.

Pas une idée. Pas un élan. Du travail de mineur, derrière un lumignon fumeux. Collations, collections, confrontations, travaux de prison !

Ces Docteurs savantissimes opposent la Science de l’Histoire à la Légende, et la Science des Lettres à la Poésie. Mais la Poésie et la Légende sont fortes parce qu’elles sont belles, et elles rient, en sœurs qui s’aiment, de ces bâtardes.

Toute âme jeune connaît des heures de force où elle veut savoir, des heures de faiblesse où elle a besoin de croire. L’étudiant, lorsque sonnent ces heures-là, n’a qu’à fuir la Sorbonne, et à courir chez l’ami, riche de la meilleure cave, pour boire, en causant, les coudes sur la table. Le doux esprit de la France chantera bientôt en lui, et il dira comme un que j’ai connu, tout attendri par un vieux vin :

— Nos pauvres maîtres ne sont pas sensibles !…