Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/44

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joue. Je le sens dans mes nerfs, comme on sent venir l’orage.

Voici vingt-trois ans que, tous les mercredis, il promène son âme grise et son corps affligé jusqu’à cette Sorbonne, pour y venir murmurer :

— Messieurs, les Droits de l’Homme et du Citoyen…

Ou :

— Messieurs, les grands principes laïques…

Ou :

— Messieurs, l’esprit révolutionnaire…

Cette année, pour la première fois, il a, non pas lâché sa chère Révolution (la Ville de Paris lui a octroyé une concession à perpétuité afin qu’il ne sorte plus de son radotage), mais il a parlé d’un ennemi de la Révolution : de Napoléon Ier, mort il y a cent ans. Ce centenaire est un danger ; ce centenaire vient d’être fêté. À ce seul mot de « fête », les entrailles de M. Aulard se crispent ; il souffre et il sécrète du fiel en faisant une sainte figure. C’est ce masque