Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/61

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qu’il commence ? C’est là le magnifique de son cas. Même quand il entame la première leçon de l’année, il continue !

Quoi ? direz-vous.

Un cours d’il y a dix ans ou une conversation avec lui-même. Et peu importe qu’il ait des auditeurs ou n’en ait point : il ne regarde pas son amphithéâtre. Il arrive, ruminant une idée : c’est celle-là qu’il sert, où elle en est. Il se pelotonne à sa table, le nez sur ses papiers, les bras entre les jambes. On dirait Diogène dans son tonneau. Et maintenant, il va se payer la tête du monde entier, non seulement du public presque inexistant, mais des rois, des papes, des évêques et de tous les représentants du peuple, dans tous les pays. Car il ne s’étonne ni ne s’émeut de rien. Il a trop remué d’idées fausses, de faits inexacts, d’institutions mal comprises ; il est arrivé avec l’âge à une insensibilité totale ; il ne croit plus ni à Dieu ni à diable. Mais le diable se venge et ne le quitte pas : il habite M. Seignobos, le fait ricaner et s’ébrouer.

Partant on ne sait d’où, allant vers on ne