Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sur le terrain de la farce… où je les conviais : c’est le cas de le dire. Et d’avance je me les figurai autour de leur table où, pour onze francs, on n’allait leur offrir qu’une soupe à l’oignon et de la charcuterie, alors qu’ils auraient eu besoin de vins chauds et généreux.

Ils n’eurent même pas cela : L’Union des Coopérateurs (enseigne prometteuse), boulevard du Temple (quartier folâtre), ne put leur servir, le 13 avril, que des boulettes d’une viande anonyme, dans un brouet noir.

Pour s’en régaler, ils vinrent à trois cents, de l’un et l’autre sexe, tous le cœur plein d’une indignation laïque. L’état de colère n’aide pas à festoyer : ce furent des agapes pénibles.

Les trois grands maîtres arrivèrent ensemble. Entrée de ballet inégalable. Ils s’assirent en cadence à la table d’honneur. Puis entre eux, on plaça des dames, toutes également laïques. Et le président, M. Ferdinand Buisson, plein d’humour, annonça, au nom de la Laïcité, que le grand banquet