Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/166

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Au réveil, il était trop facile d’expliquer que l’humeur acariâtre de Mme  Dumont-Dufour avait donné à son fils l’horreur des femmes de devoir ; la démence du colonel, celle des putains à qui ce héros, ce grand capitaine devait d’être dans un joli état sur la route des Ratapoilopolis. Et puis, Diane, je t’ai rencontrée, fraîche, intelligente et bonne, tout le contraire de ces maritornes qui me forçaient au désir sans avoir jamais raison de mon dégoût, et j’ai cru que je pourrais vraiment aimer une femme, toi. De toi j’aurais voulu avoir un fils, mais une nuit, d’un cauchemar, j’ai acquis la certitude que ce n’était point pour t’aimer en lui que je le rêvais trop beau. Dès lors, je n’ai cessé d’avoir peur et voici plusieurs mois déjà que, s’il m’était resté assez de santé pour être égoïste, je ne t’aurais plus vue, je me serais forcé à ne plus penser à toi.

Souvent il est vrai, je me suis dit que Bruggle était la maladie et toi le remède. Or c’était pour constater que je ne voulais pas guérir.

Si, spontanément, tu étais décidée à épouser Cloupignon, j’aurais été heureux de pouvoir te mépriser et de n’avoir rien à te dire de tout ceci qui te fait du mal. Pardon Diane, je te demande pardon. Mais peut-être ce soir encore, ma maladresse ne fut pas la franchise. Et si j’avais tout compliqué par peur d’une vérité trop simple ? Il y a un fait Diane.

Depuis que je connais Bruggle, tout le reste du monde et toi-même m’êtes