Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/179

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rude », dit-il souvent. Et le fait est, que cette trépidante quinquagénaire a beau macérer dans les onguents le lait de concombre, elle n’est guère perméable à leur onction. Faire et défaire des renommées, avoir des gestes et un langage de fille à soldat, tirer sur son Abdulah, comme un vieux dur à cuire sur sa bouffarde, voilà en somme les meilleures de ses préférences. Or tandis que Pierre prétend que si elle se confinait dans son snobisme, si elle n’avait certain « côté pierreuse », elle serait tout à fait insupportable, M. Arthur, lui, déclare au contraire que son « mauvaise façon volontaire est idiote et va ruiner son réputation, ou tout au moins risque de lui faire manquer son opportunité ». Et il explique à ce propos qu’il veut bien devenir un « jeune homme doré », mais tient surtout à être un grand musicien. La Roumano-Scandinave se pouffe au milieu de toute la fumée de sa cigarette et taquine Bruggle, jusqu’au moment où, inquiète de saisir sur son visage des reflets de sauvagerie, elle calme sa rage par un : « Mon cher, vous êtes le Brummel des bals-musettes », ou quelque boniment de cette farine.

M. Arthur a encore peur qu’on se rie de lui :

« Vous me moquez. »

— Non mon cher.

Alors, sans crainte, il savoure le compliment : Brummel des bals-musettes. Vous croyez vraiment que les