Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/185

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appelle « son notion des réalités » il ne perd jamais une occasion. Or cet art d’accommoder à son profit choses et gens est signe d’une innocence à laquelle Pierre sait qu’il ne pourra parvenir. Bruggle sera toujours a son aise dans un monde où il découvre des égalités cocasses, et Pierre s’attendrit d’avoir été comparé à tel autre garçon comme le piano mécanique du studio, à celui de certain bal-musette.

Si Arthur a choisi une table d’un modèle déterminé pour sa chambre, c’est que, croit-il, une table de ce modèle est en soi supérieure à toutes les autres. Pas une minute, il ne sera tenté de soupçonner que l’objet de ses préférences n’a de valeur que par le goût qu’il en a. De même, et bien qu’il soit des plus capricieux, il justifie ses désirs, colères, tendresse par le sentiment d’une obéissance à quelque hiérarchie, couleur d’image d’Épinal.

D’où un système de parallèles, de plans.

À Pierre, il ne cesse de proposer des exemples. Et le besoin même qu’il a de le comparer à quelque autre, prouve que, malgré tout un jeu de cruautés, il a pour lui de la tendresse, de l’admiration peut-être.

D’autre part, Pierre, en dépit de sa soumission quotidienne, se reconnaît des devoirs, dont il juge Bruggle exempt. Il accepte la responsabilité des êtres qu’il continue, tandis que l’autre au contraire n’est engagé par aucun héritage. C’est que les enfants des vieux