Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/201

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to’s. Je vais chercher une amie, une petite négresse, voulez-vous venir avec moi ?

Pierre et Lucas au Negrito’s. Dès la porte une petite danseuse couleur de perle noire interroge : « Et votre Américain. Pourquoi n’est-il pas avec vous ce soir ? » Votre Américain. Arthur encore, toujours. Pierre ne pourra-t-il faire un pas qu’il ne retrouve sans cesse la même ombre. Il voudrait voir au diable Lucas qui lui vante la négrillonne questionneuse, lui explique qu’elle a quinze ans, qu’il l’adore, qu’elle s’appelle Djamilina, etc. Mais pourquoi parler de la sauvagerie de Djamilina ? Petite fille soûle, entre ses cuisses elle fait tourner son ventre, lance un œil, puis une main et tout son corps vers celui que ce soir désigne son caprice enfantin. Djamilina se croit maîtresse du monde, tout comme certain jeune garçon invoquait sa Liberté. Liberté. Qu’en faites-vous de votre liberté, M. Arthur. Un petit chiffonnier est dans votre lit, immobile près de vous. M. Arthur et son petit chiffonnier. Ils doivent dormir maintenant. Deux poupées de cire. S’ils sont insensibles c’est qu’ils ont commencé de mourir. Voilà votre liberté M. Arthur. Un jour Pierre n’existera plus pour vous et vous n’existerez plus pour Pierre. En attendant, afin de prendre patience, il s’agit de boire, Lucas est un voisin trop pâle dès que Djamilina exagère l’inutile obscénité du geste. Djamilina poupée cruelle et Bruggle ce jouet