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Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/204

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Chapitre V

SECOURIR ENCORE


Dans l’hôpital où le lendemain elle vint avec Mme Dumont-Dufour et sa mère reconnaître un cadavre, Diane vit un garçon si beau qu’elle crut pleurer d’admiration plutôt que de douleur.

Les deux mères étaient à ses côtés, droites dans leurs manteaux noirs, Mme Blok bouffie de larmes, Mme Dumont-Dufour, plus maigre, plus contractée que jamais, mais dès qu’elle desserra les lèvres, sa voix sonna si faux, si froid que Diane comprit que la comédie que Pierre, volontairement, avait pour lui arrêtée, d’autres encore allaient devoir la subir. Sa vie ne connaîtra-t-elle donc jamais l’apaisement où s’est figé le visage le mieux aimé ? La mort, l’apaisement. La poitrine de Diane se déchire. Des boules de sanglots la suffoquent. Elle tombe sur le mort enfantin, blanc dans ce blanc, ses bras se lient au corps déjà pétrifié, sa bouche erre par une figure qu’elle apprend peu à peu à ne plus connaître.