Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/84

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a-t-elle raison, qui le déclare doué des pires instincts ? Diane est la seule créature en qui toujours il ait trouvé refuge, il le sait et si bien qu’il fait autour d’elle toute une littérature et voici que, malgré ce qu’il lui doit, il va jusqu’à penser qu’il pourrait peut-être systématiquement se servir d’elle avec encore plus de profit et qu’après l’avoir utilisée, il la jetterait dehors, la laisserait crever. Et lui qui se dit un homme et n’est qu’un enfant livré aux cauchemars, après avoir abusé ainsi de qui l’a secouru, que ne devra-t-il craindre ? Alors certes les remords auraient définitivement raison de lui, et déjà il doit supplier Diane de lui pardonner ses pensées, Diane, vierge sage, qui va partout et n’a jamais perdu ni son sourire ni sa boîte à peinture, Diane plus forte que Pierre et qui a su échapper à la soûlerie des malheurs dont le spectacle lui fut trop tôt désigné, Diane vierge sage et qui a pitié de ceux qui boivent, font la fête, inventent des vices. Elle sait que Pierre ne tarderait point à sombrer s’il n’avait personne auprès de lui pour le défendre ou l’aider.

Seul, il ne saurait où fuir. Que de fois déjà, las de lui-même est-il descendu, non pour demander secours à quelque autre, mais pour se perdre dans la rue, parc anonyme, mais le plus beau, se forçait-il à croire, de toutes les promesses. Il marchait, ne trouvait point ce rêve sans nom et sans visage en quoi il avait décidé de se perdre. Il marchait. Aucun regard ne retenait