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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/44

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CHAPITRE IV

LA QUESTION DES MAHÂTMÂS


Nous avons laissé Mme Blavatsky au moment où, en 1876, elle songeait à partir pour l’Inde ; ce départ, qui ne devait s’accomplir que le 18 novembre 1878, semble bien avoir été déterminé surtout, sinon exclusivement, par les attaques très justifiées dont elle avait été l’objet. « C’est à cause de cela, écrivait-elle elle-même en faisant allusion à la publication des Incidents in my Life de Dunglas Home, que je vais dans l’Inde pour toujours ; et par honte et par chagrin, j’ai besoin d’aller où personne ne sache mon nom. La malignité de Home m’a ruinée pour jamais en Europe »[1]. Elle devait toujours garder rancune au médium qui, à l’instigation du mystérieux M…, avait dénoncé ses supercheries, et qu’elle appelait « le Calvin du spiritisme » : « Voyez, écrivait-elle beaucoup plus tard à propos des dangers de la médiumnité, quelle a été la vie de Dunglas Home, un homme dont le cœur était rempli d’amertume, qui n’a jamais dit un mot en faveur de ceux qu’il croyait doués de pouvoirs psychiques, et qui a calomnié tous les autres médiums jusqu’à la fin[2]. À un certain moment, Mme Blavatsky avait songé aussi, pour les mêmes raisons, « à partir pour l’Australie et à changer son nom pour toujours »[3] ;

  1. Lettre du 6 novembre 1877.
  2. La Clef de la Théosophie, p. 272.
  3. Lettre du 26 juin 1876.