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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/52

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la question des mahâtmâs

ami inséparable, le Maître K. H., doit en être l’instructeur religieux » [1], c’est-à-dire le Bodhisattwa. Dans les « vies d’Alcyone », dont nous aurons à parler plus tard, Morya est désigné sous le nom de Mars et Koot Hoomi sous celui de Mercure ; Djwal Kûl y est appelé Uranus, et le Bodhisattwa actuel Sûrya, nom sanscrit du soleil. Mars et Mercure sont, d’après l’enseignement théosophiste, celles des planètes physiques du système solaire qui appartiennent à la même « chaîne » que la terre : l’humanité terrestre se serait précédemment incarnée sur Mars, et elle devrait s’incarner ultérieurement sur Mercure. Le choix des noms de ces deux planètes, pour désigner respectivement le futur Manou et le futur Bodhisattwa, semble avoir été déterminé par le passage suivant de la Voix du Silence : « Regarde Migmar (Mars), alors qu’à travers ses voiles cramoisis son « Œil » caresse la terre ensommeillée. Regarde l’aura flamboyante de la « Main » de Lhagpa (Mercure) étendue avec amour protecteur sur la tête de ses ascètes » [2]. Ici, l’œil correspond au cerveau, et la main correspond au cœur ; ces deux centres principaux de l’« Homme Céleste » représentent, d’autre part, dans l’ordre des facultés, la mémoire et l’intuition, dont la première se réfère au passé de l’humanité, et la seconde à son avenir ; ces concordances sont au moins curieuses à signaler à titre documentaire, et il faut y ajouter que le nom sanscrit de la planète Mercure est Budha. À propos de Mercure, il y a lieu de remarquer encore, dans la série des « vies d’Alcyone », une histoire où il apparaît sous la forme d’un pêcheur grec dont il avait pris le corps après avoir été tué par des barbares ; on profite de cette occasion pour citer un passage de Fénelon[3]

  1. L’Occultisme dans la Nature, p. 381.
  2. P. 54 de la traduction française d’Amaravella (E.-J. Coulomb). — Le traducteur de ce livre (qui a d’ailleurs, comme bien d’autres, fini par quitter la Société Théosophique) n’a rien de commun, si ce n’est le nom, avec les époux Coulomb que Mme Blavatsky avait connus au Caire, et qu’elle retrouva dans l’Inde comme nous le verrons plus loin.
  3. Abrégé de la vie des plus illustres philosophes de l’antiquité, publié en 1823.