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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/78

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Les informations de Solovioff, confirmant le rapport d’Hodgson, provoquèrent la démission de Mme de Morsier, de M. Jules Baissac et des autres membres les plus sérieux de la branche parisienne Isis, qui avait été organisée en 1884 sous la présidence d’un ancien membre de la Commune, Louis Dramard, ami intime de Benoît Malon et son collaborateur à la Revue Socialiste[1] ; aussi cette branche ne tardat-elle pas à être obligée de se dissoudre, et Dramard attribua ce résultat aux menées des « cléricaux »[2]. Un peu plus tard, une autre branche fut constituée pour remplacer l’Isis par Arthur Arnould[3], ancien « communard » lui aussi (de même encore qu’Edmond Bailly, l’éditeur des publications théosophistes), et reçut le titre distinctif d’Hermès ; elle compta d’abord parmi ses membres le Dr Gérard Encausse (Papus), qui en était le secrétaire. et plusieurs occultistes de son école[4]. Mais, en 1890, à la suite d’un différend dont les causes n’ont jamais été complètement éclaircies, Papus et ses partisans démissionnèrent ou furent expulsés ; Papus lui-même prétendit ensuite que, alors qu’il avait déjà donné sa démission, il avait appris des faits particulièrement graves qui l’auraient déterminé à demander son expulsion[5]. Quoi qu’il en soit, cette affaire provoqua encore la dissolution de l’Hermès, qui fut décidée le 8 septembre 1890, et une autre réorganisation eut lieu presque aussitôt ; la nouvelle branche, appelée Le Lotus, fut aussi présidée par Arthur

  1. La Revue Socialiste fut spécialement recommandée aux théosophistes dans le Lucifer, 15 mai 1888, p. 229.
  2. Lettre du 8 mars 1886, publiée dans le Lotus Bleu du 7 septembre 1890.—C’est ce même Dramard qui écrivait dans une autre lettre : « Rien de bien ne peut nous venir du Christianisme, quelque déguisé qu’il puisse être » (Le Lotus, janvier 1889, p. 633).
  3. Arthur Arnould avait pris, nous ne savons pour quelle raison, le pseudonyme de Jean Matthéus ; c’était le nom d’un négociant de Rouen, qui avait été nommé, en 1786, Grand-Maître Provincial de l’« Ordre Royal d’Écosse » pour la France.
  4. Papus et quelques autres avaient déjà précédemment quitté l’Isis (Le Lotus, juillet 1888), mais non la Société Théosophique.
  5. Le Voile d’Isis, 11 et 18 février 1891.