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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/88

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d’Olcott « Le jour où il est venu en personne, à Paris, se mêler de nos travaux, ç’a été une désillusion complète pour tous les théosophes, qui se sont retirés alors, laissant la place à de plus novices. Un aplomb américain imperturbable, une santé de fer, pas la moindre éloquence, pas la moindre instruction, mais des qualités spéciales de compilateur (encore un trait américain), pas de savoir-vivre, une crédulité frisant la complicité et excusant à la rigueur ses maladresses, et, je dois l’ajouter, car cela contraste avec son associée et dominatrice, une certaine bonté qui serait plutôt de la bonhomie : tel est l’homme qui, actuellement, est le commis-voyageur du Bouddhisme »[1].

Tout en abandonnant les fonctions administratives à Olcott, définitivement établi au quartier général d’Adyar, Mme Blavatsky s’était réservé ce qui concernait la « section ésotérique », où nul ne pouvait être admis sans son approbation. Cependant, le 25 décembre 1889, elle nomma Olcott « agent secret et unique représentant officiel de la section ésotérique pour les pays d’Asie » ; et, à la même date, Olcott, qui se trouvait alors à Londres, la nomma en retour directrice d’un bureau ayant pour membres Mme Annie Besant, Willjam Kingsland et Herbert Burrows, avec le titre de « représentants personnels et fondés de pouvoirs officiels du président pour la Grande-Bretagne et l’Irlande ». De cette façon. Mme Blavatsky avait entre les mains, pour le Royaume-Uni, toute la direction de la Société dans ses deux sections, et il en était de même d’Olcott pour l’Inde ; nous disons l’Inde seulement, car nous ne pensons pas qu’il y ait eu alors de branches théosophiques dans les autres pays d’Asie. Par contre, en Europe, il y avait déjà des branches dans plusieurs pays ; et six mois plus tard, exactement le

  1. Sur le passage d’Olcott à Paris et a la façon tout américaine dont il embauchait des membres à la fournée », voir aussi Le Lotus, octobre-novembre 1888, p. 510, et février 1889, pp. 703-704. — Ajoutons encore que F.-K. Gaboriau avait adressé à Olcott, le 12 décembre 1888, sa démission de membre de la Société Théosophique (id., décembre 1888, p. 575).