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que tu ne le crois, va, mon gros ». Marie-Louise prononce « plusse » comme les gens du Midi et les Montmartrois. Et « mon gros » reprend :

— Un beau soir, elle, qui, jusqu’alors s’était montrée plutôt… comment dire, plutôt passive, se montra d’une… activité ! Ah ! Monsieur, quand j’y pense, quand je pense à cette nuit-là… !

— Vous en avez encore le frisson, je comprends çà.

— Non, j’en ai encore mal aux reins. Et après cette nuit-là, d’autres suivirent et des matins, et des après-midi. Elle a usé de tous les meubles les uns après les autres…

— Qu’est-ce que vous me dites-là !

— Oui, monsieur, le lit, le divan, les chaises, la peau d’ours, jusqu’à la table de la salle à manger, oui monsieur… au dessert. Je n’en pouvais plus… Je ne voulais pas l’avouer… On a son orgueil d’homme, n’est-ce pas. Mais, tout de même, à la fin, je craignais pour ma santé et j’ai déclaré à Yvette :

— Tu veux aller dans le Midi, ma chérie ? Eh bien ! va… Je ne suis pas aussi égoïste que tu le crois… Va… je t’offre le voyage et le séjour. Ah ! les femmes, monsieur ! on ne les connaît jamais bien. Qui l’eût cru ? Qui l’eût cru ?

L’ami d’Yvette se lève, paie et s’en va.

Marie-Louise se tord. Elle répète en montrant du doigt le gros garçon :

— L’eusses-tu cru ? L’eusses-tu cru ?-

Et elle m’expliqua :

— Pas bête, hein, monsieur, le truc d’Yvette pour se faire offrir le Midi sans perdre son ami ? Cet homme-là, il est fou d’elle, maintenant…


VII


Un « monsieur-habitué » s’est permis, tantôt, de critiquer la toilette de Marie-Louise. La jolie fille a riposté vertement en langage populaire :