Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/169

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— De plus, vois-tu, je suis jaloux, je te veux maintenant un peu plus pour moi tout seul. Oh ! je ne te dis pas de fermer complètement notre porte, mais seulement de l’ouvrir moins large que l’an dernier.

Il avait prononcé la première de ces phrases avec un tel accent de vérité que la malheureuse, y retrouvant comme un écho de ses plus enivrants jours, s’était pressée contre lui avec un frisson de volupté. Entre l’adoré et son enfant, peu lui importait le reste.

Cependant Paul devint bientôt plus exigeant et sa femme ne tarda pas à s’émouvoir un peu, en l’entendant l’engager chaque jour à quelque nouvelle réforme, soit à propos de sa mise, de sa coiffure même, soit à propos des dépenses de la maison. Toutefois, elle obéit, aveuglée par son amour. Elle mit de côté les plus élégantes des robes qu’elle avait l’habitude de porter, en même temps que, comme une petite bourgeoises, elle s’accoutuma à surveiller ses domestiques plus qu’elle ne l’avait fait jusque-là.

Mais le beau-frère de Barbe ne devait pas s’arrêter en si bon chemin. Un soir que Lise avait reçu quelques amis, des artistes, des littérateurs, qui lui avaient exprimé leur étonnement que, remise de ses couches depuis si longtemps, elle n’eût pas repris ses réceptions d’autrefois, son mari lui dit, dès qu’il furent seuls :

— Je ne sais trop s’il est bien convenable de réunir tout ce monde tant que tu allaiteras Marie. D’abord, tu es obligée de t’habiller, cela doit te gêner ; de plus la fillette peut avoir tout à coup besoin de toi, et, tu le comprends, si respectable que soit le rôle d’une nourrice, il fait un peu sourire et prête aisément à des plaisanteries que je ne voudrais pas qu’on fît à ton sujet.

Cette fois, Mme Meyrin dissimula peu son étonnement, elle l’exprima même avec une telle franchise que Paul lui répondit, s’inspirant brutalement de l’une des observations de sa belle-sœur.

— Ah ! dame, ma chère amie, tu n’es plus princesse et on est moins indulgent dans notre milieu que dans le