Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/194

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ses soins sont dus ? De quel droit dispose-t-elle ainsi d’elle-même ?

Le mari ne se souvenait plus de ses torts, de la liberté que son éloignement avait laissée à sa femme, des droits sacrés de l’amour maternel. Il ne raisonnait qu’avec son orgueil, qui recevait là un si rude choc. Il ne pouvait se le dissimuler, il n’était plus rien pour celle qu’il avait tant aimée.

Au fond, il n’avait pas cessé d’espérer que Lise lui reviendrait un jour, plus ardente, plus soumise que jamais, lorsque lui-même, fatigué de ses maîtresses, tenterait sérieusement de se faire pardonner. En la voyant résignée, ainsi qu’elle s’était montrée depuis la scène du boulevard de Clichy, il avait fini par croire, dans son sot amour-propre de bellâtre, qu’il n’aurait un soir qu’un mot à dire, qu’un signe à faire, pour réveiller dans les sens de l’outragée son fol amour d’autrefois. Mais maintenant, il n’en pouvait plus douter, tout était bien fini entre elle et lui. Il en éprouvait une sorte de rage jalouse, qui lui fit s’écrier soudain :

— Eh bien, soit ! mais puisqu’il en est ainsi, moi aussi je suis libre !

C’est dans cette disposition d’esprit que, machinalement plutôt que par sollicitude, il passa dans l’appartement de Mme Meyrin pour voir sa fille.

Au moment où il pénétrait dans la chambre à coucher, Mme Daubrel, fidèle à sa promesse, était auprès de l’enfant.

— Ah ! pardon, je ne vous savais pas là, dit Paul sèchement à la jeune femme. Marie est encore bien heureuse de vous avoir, puisque sa mère l’abandonne !

— Vous ne pouvez pas croire que Lise abandonne sa fillette, fit Marthe. Effrayée des nouvelles qu’elle avait reçues de son fils…

— Son fils, son fils ! Et si Marie tombait malade pendant l’absence de sa mère ?

— Dieu ne le permettra pas. D’ailleurs, ne suis-je pas là ?

— Alors vous approuvez le départ de votre amie ?

— J’aurais agi comme elle.