Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/232

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nine, afin de se réserver une excuse pour l’avenir. Elle les mettait tout simplement de côté.

M. Meyrin était encore poussé par une autre cause à en finir avec Pierre Olsdorf, de qui il ne pouvait être jaloux, puisqu’il savait par Mme  Daubrel que Lise ne l’avait pas trouvé à Pampeln, lorsqu’elle y était allée soigner son fils.

Dans les premiers temps de son mariage avec l’ex-princesse russe, on l’avait applaudi, envié. Flattés qu’un des leurs eût enlevé la femme d’un si grand seigneur, les confrères de Paul l’avaient félicité ; il avait été pendant plusieurs mois un véritable héros de roman ; mais lorsqu’on le vit si rapidement faire mauvais ménage, quand on sut qu’il avait renoué avec Sarah Lamber, on s’étonna que cet amour qui avait fait si grand bruit eût passé aussi vite ; on alla au fond des choses, et bientôt vinrent de Saint-Pétersbourg des indiscrétions qui donnèrent prise aux jaloux et aux malveillants.

On raconta alors que c’était Pierre Olsdorf lui-même qui avait contraint la princesse à demander le divorce et forcé son amant à l’épouser ; on le jeta en bas du piédestal sur lequel on l’avait élevé ; on rit beaucoup de cette vengeance toute nouvelle d’un mari ; on le surnomma : l’époux par ordre, et, questionné par sa maîtresse, le peintre mentit si mal que celle-ci, au milieu d’une querelle à propos de son mariage légitime, lui riposta, ne croyant pas si bien dire : « Laisse-moi donc tranquille ; tu n’oserais seulement pas t’absenter ce chez toi pendant quarante-huit heures ; l’ex-mari de ta femme viendrait te chercher par les deux oreilles pour te faire réintégrer le domicile conjugal. »

C’est à la suite de cette scène que Paul Meyrin, pour prouver qu’il était libre et maître chez lui, avait quitté Paris avec Sarah et s’était installé à Rome, où sa faiblesse, sa lâcheté et aussi sa passion pour l’ancien modèle le rendirent bientôt si complètement esclave qu’il ne songeait plus à rentrer rue d’Assas et pensait à peine à son enfant.

Pendant le premier mois de son absence, il écrivit à