Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/249

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nonçaient que des mots entrecoupés, dernière expression des derniers mouvements de son âme : Mes enfants… Pierre… Véra… Marthe… ma mère… Dumesnil… Là ! ils sont tous là… et lui, lui seul !

Pierre Olsdorf comprit que la pensée de Lise venait de s’arrêter une seconde sur son mari, et il baissa la tête pour ne pas voir, dans un des angles de cette chambre mortuaire, le berceau de l’enfant dont il avait tué le père.

Soudain, on entendit un cri d’horreur.

Penchée sur sa fille, la générale Podoï venait de sentir son dernier souffle passer sur son visage.

Mme  Meyrin, l’ex-princesse Olsdorf, n’était plus !

On vit alors Dumesnil, chancelant, les yeux hagards, étendre les bras comme s’il allait défaillir. Mme  Daubrel, si péniblement émue elle-même, s’élança vers lui pour le soutenir. Mais le vieux comédien la repoussa en s’écriant :

— C’était ma fille, ma fille !

Et il tomba lourdement à genoux près du lit de la morte.

Le désespoir venait d’arracher à ce vieillard le secret que l’amour paternel lui avait fait garder si courageusement pendant vingt années.


Quinze jours plus tard, après une cérémonie funèbre célébrée dans la chapelle de Pampeln, en présence du prince, de ses enfants, de Véra Soublaïeff et de la générale Podoï, les restes mortels de la comtesse Lise étaient descendus dans le caveau des Olsdorf.

C’était morte que la « Divorcée » rentrait sous le toit de celui dont elle avait porté le titre.

À la même heure à peu près, sur un des quais de New-York, Mme  Daubrel inondait de larmes de joie le front de son fils, pendant que son mari lui souriait.

C’était avec tout un avenir nouveau devant elle que la « Séparée de corps », repentante et pardonnée, reprenait sa place au foyer conjugal.


FIN