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de leurs relations. Cela fit assez grand bruit pendant une quinzaine ; ensuite, ainsi que ces sortes de choses se passent à Paris, bientôt on n’en parla plus.

Cependant, malgré toutes les indiscrétions commises, la princesse Olsdorf n’en fréquentait pas moins la haute colonie russe et de grands salons parisiens, où règne si complètement l’indulgence en matière de morale. Cela dure une partie de l’hiver, jusqu’au moment où il ne lui fut plus permis de dissimuler sa grossesse.

Elle dut alors s’abstenir d’aller dans le monde et n’en devint que plus assidue chez les Meyrin, où elle avait fait la connaissance de la charmante Mme  Daubrel, dont Paul lui avait raconté la vie.

Mme  Daubrel ne doutait pas qu’il y eût entre la grande dame et le peintre des rapports plus intimes que n’affectaient de le croire Mmes  Meyrin, mais comme elle se souvenait de l’époque où, elle aussi, épouse adultère, elle avait eu tant à craindre, elle s’était prise d’une profonde sympathie pour la noble étrangère, qui, de son côté, lui témoignait la plus sincère affection.

Cette affection, aussi bien que l’isolement dans lequel lui ordonnait de vivre son état, conduisit la princesse à tout dire à la jeune femme, et celle-ci lui répondit, après avoir reçu ses confidences :

— Hélas ! je n’ai le droit de vous infliger aucun blâme, mon passé me le défend, mais Dieu veuille que vous ne soyez jamais autant punie que je l’ai été de ma faute. Un jugement de séparation m’a flétrie ; cela, c’était justice ; mais, de plus, je ne reverrai jamais mon fils et j’ai été abandonnée par l’homme qui m’avait fait oublier mes devoirs. Du reste, je l’aurais quitté, car c’est en vivant auprès de lui que j’ai compris trop tard combien mon mari était digne d’être aimé. Si je n’avais pas eu ma mère à laquelle je me suis consacrée tout entière, je me serais tuée ou j’aurais cherché un refuge dans quelque couvent.

— Ah ! c’est que vous n’aimiez pas comme j’aime, interrompit Lise ; c’est que vous n’étiez pas aimée comme je suis aimée. Je connais votre roman. Celui qui vous a