Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/74

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tisfaire à tous ses besoins d’expansion. Aussi s’était-elle prise du sentiment le plus vif pour cette étrangère dont la situation pouvait un jour avoir tant de rapports avec la sienne. Mme Daubrel eut tout fait pour conjurer le danger qui menaçait Lise Olsdorf ; elle fut allée même jusqu’à se déclarer mère de l’enfant attendu, si avant d’en arriver avec son amie à une confession complète, la princesse ne s’était pas arrêtée à un parti sur lequel il n’y avait plus à revenir.

Après avoir hésité longtemps sur sa conduite à tenir à l’égard du prince ; après s’être demandé si elle ne devait pas lui cacher sa grossesse, Lise avait bien compris qu’en la dissimulant, elle serait entraînée à une série de mensonges et condamnée à une existence aussi dangereuse que difficile. Elle avait alors écrit à son mari, peu de temps après son arrivée à Paris, pour lui apprendre qu’elle était enceinte.

Pierre, dont la confiance était absolue, lui avait répondu qu’il était heureux de cet événement et que, puisqu’elle était en France, le mieux pour elle serait d’y rester jusqu’après sa délivrance. De plus, dans chacune de ses lettres suivantes, en lui recommandant affectueusement la plus grande prudence, il avait ajouté qu’il ne manquerait pas de la rejoindre pour ses couches.

Cette promesse avait été pour la malheureuse un coup de foudre, et elle avait pris dès ce moment la résolution de mentir sur ce point, car le prince auprès d’elle, lorsqu’elle ne pourrait plus sortir, ce serait l’éloignement relatif de son amant. Or, cela, elle ne pouvait l’admettre à aucun prix. Aussi annonça-t-elle à son mari qu’elle ne pensait pas accoucher avant la fin d’avril, tandis qu’elle était à peu près certaine d’être mère quelques semaines plus tôt.

En attendant, ne pouvant guère, par convenance, se montrer avec Paul Meyrin dans l’état où elle se trouvait, la princesse avait à peu près renoncé au monde ; elle n’allait plus que dans la famille de son amant, dont la mère et la belle-sœur lui faisaient toujours le meilleur accueil. Certes, Mmes Meyrin avaient tout compris, mais