Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/89

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l’époque où ils se sont produits, l’été dernier, là-bas, à Pampeln, dans mon château si hospitalièrement ouvert. D’ailleurs l’estime relative que je vous ai conservée ne me permet pas de supposer un instant que, portant dans votre sein un enfant légitime, vous avez quitté le père de cet enfant pour, dans cet état dont la plus misérable créature a la pudeur, vous donner à un autre.

Profondément émue, l’épouse adultère baissa de nouveau la tête.

Pierre poursuivit :

— La fille que vous avez mise au monde il y a quelques semaines, que vous avez donnée pour sœur à mon fils légitime Alexandre, porte mon nom de par la loi. Ce nom, je ne pourrais le lui enlever qu’au prix d’un procès scandaleux, dont le résultat deviendrait d’ailleurs un obstacle au but que je veux atteindre, puisqu’il serait la confirmation juridique de votre adultère. Je ne ferai donc pas ce procès, cet enfant gardera le nom qu’il a volé inconsciemment. Je fais ce sacrifice à l’honneur de ma maison ; mais vous, vous ne pouvez continuer à vous appeler princesse Olsdorf. Vous allez introduire auprès du Saint-Synode une demande de divorce contre moi.

La princesse était à ce point stupéfaite qu’elle put à peine murmurer :

— Contre vous ?

— Oui, contre moi, répéta le gentilhomme. Ah ! je vous étonne et vous ne me comprenez pas bien. Cela vient de ce que vous n’êtes pas suffisamment au courant de nos lois sur le divorce. Si je demandais, moi, le divorce contre vous, il serait prononcé au premier examen, mais alors vous seriez déshonorée et il en rejaillirait quelque chose sur mon fils. Plus tard, il rougirait de vous. Je ne veux pas que cela puisse arriver jamais ! De plus, ce que vous ignorez certainement, c’est que celui des époux contre lequel le divorce est prononcé ne peut plus se remarier. Vous seriez donc condamnée à vivre en concubinage avec M. Paul Meyrin, si toutefois cet homme vous restait fidèle ; et votre dernier enfant n’aurait pas de nom, puisqu’une des conséquences du