Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/100

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lentes raisons, qu’elle n’eût qu’un médiocre soin de son honneur conjugal.

Cependant, comme il avait de cette maîtresse un enfant et qu’il l’avait reconnu, il permettait à mademoiselle Morin de porter son nom. On n’appelait celle-ci que madame Berthier.

Cet enfant était Gabrielle.

Quelques années plus tard, alors que Gabrielle avait déjà près de quinze ans, M. Berthier dut se séparer de sa maîtresse, et comme il ne voulait pas que sa faiblesse l’en rapprochât, il demanda à être envoyé dans les mers de Chine, et partit après avoir assuré l’existence matérielle de la mère et de la fille.

Là, il retrouva M. de Martry, à qui il fit part de ses chagrins, et quand la mort vint s’asseoir à son chevet, il pria son ami d’être son exécuteur testamentaire et de protéger son enfant.

— L’avenir de Gabrielle m’inquiète cruellement, lui dit-il ; sa mère, dont j’ai eu tant à me plaindre, n’a aucun sens moral, aucun principe. Dieu sait comment elle vit en ce moment ! Dieu sait, avec de tels exemples sous les yeux, ce que deviendra mon enfant un jour. Toi, qui, plus heureux que moi, retourneras en France, renseigne-toi sur la conduite de mademoiselle Morin, et si cela est