Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/11

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vite, nous devons le reconnaître, comme d’une mauvaise pensée.

C’est dans ces tortures morales que Me Duchemin avait passé cinq longs mois, et quelques heures, quelques minutes seulement peut-être le séparaient du dénoûment de ce drame intime ; ce qui explique suffisamment l’hécatombe à laquelle il se livrait sur les fleurs de son jardin, le lendemain du jour où il avait appris que madame Berthier et sa fille avaient atteint sans encombre le terme de leur voyage.

Le pauvre tabellion venait d’enlever de sa badine un superbe aloès, et la vue de ce sacrifice inutile l’avait un peu calmé, lorsqu’il tressaillit en sentant une main qui se posait sur son épaule.

— Ce n’est que moi, cher maître, lui dit en même temps une voix qui le rassura.

M. Duchemin se retourna un peu honteux de sa frayeur.

Il était en face d’un beau garçon de vingt-quatre à vingt-cinq ans, dont l’œil brillant et la physionomie ouverte inspiraient tout d’abord la sympathie.

— Par ma foi, vous m’avez fait peur, mon cher Paul, dit le notaire au jeune homme ; je ne vous