Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/125

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Un jour même, Gabrielle croisa de si près Richard qu’elle se crut reconnue.

Pris dans un encombrement au boulevard Montmartre, son cocher avait dû s’arrêter, et, pendant une minute ou deux, le peintre, qui attendait le moment de traverser la chaussée, demeura à la longueur du bras, la main sur la portière même de la voiture de son ancienne maîtresse.

Cependant il ne la vit pas, mais l’infidèle eut le temps de remarquer la douleur que son abandon avait imprimée sur la physionomie de l’artiste. Elle n’en ressentit nulle pitié, mais bien un peu d’orgueil, car elle en conclut que Richard était moins complètement guéri que ne lui affirmait M. de Martry, chaque fois qu’il venait la voir, et qu’il restait toujours un écueil dangereux pour son avenir.

Les choses duraient ainsi depuis un mois, et Paul était le plus heureux des hommes, lorsqu’un soir, en arrivant chez mademoiselle Berthier, il la trouva en déshabillé et les yeux rouges.

Tout inquiet, il la prit dans ses bras et, la pressant sur son cœur, lui demanda quel chagrin l’avait fait pleurer.

— J’ai pleuré, c’est vrai, mon ami, répondit Gabrielle ; c’est en même temps de terreur et de joie.