Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/130

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D’abord on parla sport, escrime, théâtre, un peu politique, puis femmes, ainsi que cela est fatal dans une société d’hommes.

M. du Longpré allait et venait de l’un à l’autre de ses invités, faisant avec beaucoup de grâce les honneurs de son ravissant appartement de garçon, appartement auquel son oncle avait adjoint, par surprise, une salle d’armes et un fumoir du meilleur goût.

Tout à coup, il entendit M. de Joigné qui, s’adressant à Raoul Dusert, lui disait :

— As-tu le Charivari de dimanche ?

— Non, répondit le jeune homme ; est-ce qu’il y a quelques nouvelles à sensation ?

— Je le crois bien, un écho très intéressant, surtout pour toi. Mais le Charivari doit être là. Oui, le voici, écoute.

M. Raoul Dusert venait de prendre le journal sur un guéridon, où il se trouvait pêle-mêle avec d’autres feuilles à la mode, et il lisait :

« Si nos yeux ne nous ont pas trompé, nous avons reconnu au bois hier, mystérieusement cachée derrière les stores d’un coupé noir de très-grand air, une belle fugitive qui a disparu de Paris il y a sept à huit mois, pour aller récolter aux colonies l’héritage, deux ou trois fois millionnaire,