Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/132

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d’autres phrases admiratives ou critiques à l’adresse de mademoiselle Berthier, mais M. du Longpré n’entendit plus rien.

Aux premiers mots des deux jeunes gens, il n’avait prêté qu’une oreille distraite, puis, bientôt, il avait compris.

Une sueur froide avait alors inondé son front ; il était resté atterré. Pour ne pas se trahir, il avait dû s’appuyer contre un meuble et affecter d’être tout à la lecture d’un livre saisi au hasard.

Cependant, il hésitait à croire ; il ne lui paraissait pas possible que ce fût de sa Gabrielle à lui dont on eût le droit de parler ainsi. Il n’y avait là qu’un rapprochement fâcheux de noms et de circonstances. Il était sur le point de se reprocher comme un crime sa frayeur et ses soupçons.

Toutefois, il voulut en avoir le cœur net, et lorsqu’il fut redevenu maître de lui, il profita de ce que la conversation de ses invités s’était portée sur un tout autre sujet pour attirer dans un coin de la salle d’armes Raoul Dusert, sous le prétexte de lui demander conseil à propos de l’arrangement d’une panoplie. Là, une fois seul avec le jeune homme, il lui dit, en s’efforçant de sourire :

— Faites-moi la gracieuseté de ne pas sortir en même temps que ces messieurs, j’ai à causer un