Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/153

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui, mais en accablant mademoiselle Berthier peut-être plus qu’elle ne le mérite.

Ne voulant ni ne pouvant tenter de dénaturer des faits dont M. du Longpré aurait d’ailleurs appris trop aisément, par d’autres, l’exactitude, M. de Martry, si difficile que cela fût, désirait défendre Gabrielle.

— Je ne vous comprends pas. Pour moi, tout se résume dans un seul mot : mademoiselle Berthier, avant de partir pour Bourbon, était-elle, oui ou non, la maîtresse de M. Richard Berney ?

— C’est vrai !

— Alors, c’est une misérable qui m’a trompé indignement, qui a joué près de moi une comédie infâme ; je n’ai pas besoin d’en savoir davantage.

— Écoutez-moi.

— Uniquement par déférence pour vous.

— D’abord, qui vous dit que Gabrielle a joué la comédie, qui vous dit qu’elle ne vous aime pas sincèrement, de toute son âme, et que la crainte seule de perdre votre affection ne l’a pas contrainte à vous cacher son passé ? Si vous saviez quelle part la fatalité a dans ses fautes ! Laissée par son père, qui ne pouvait s’en charger, aux mains d’une mère sans nul sens moral, mademoi-