Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/156

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— Je vous avais priée de ne pas venir, lui dit-il tout bas,

— Est-ce que jamais j’aurais pu attendre ? murmura-t-elle d’une voix sombre. Que sait-il ?

— Tout !

Écartant alors du bras le commandant, mademoiselle Berthier releva son voile et s’avança lentement vers le créole qui baissait la tête sous son regard.

Arrivée près de son amant, Gabrielle se laissa tomber à genoux en disant :

— Pardonnez-moi, Paul, si je n’ai pas eu le courage de vous avouer la vérité tout entière. J’ai eu peur de vous perdre ; je vous aimais trop !

Sans prononcer un mot, M. du Longpré voulut forcer la jeune femme à se relever.

— Pas avant de connaître ma sentence, continua-t-elle.

Le créole eut un instant d’hésitation, et ses traits exprimèrent une indicible torture. Pendant quelques secondes mademoiselle Berthier put croire qu’il allait la prendre dans ses bras ; mais Paul, qui avait fait un mouvement vers sa maîtresse, s’arrêta tout à coup et se laissa tomber sur un siége en murmurant :