Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/160

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moiselle Berthier fort calme. Elle était un peu pâle, mais il ne restait pas sur son visage d’autre trace de la scène de la veille.

— Votre visite ne m’étonne pas, commandant, dit-elle à son ami, j’y comptais pour ce matin même, cependant je ne vous en remercie pas moins d’être venu. Dites-moi d’abord comment M. du Longpré a été si exactement renseigné et quel était son but en se rendant chez Richard.

L’ancien officier de marine raconta à Gabrielle ce que lui avait appris Paul et ce qui s’était passé ensuite entre eux, tout en glissant adroitement sur les points de l’aventure trop humiliants pour mademoiselle Berthier, mais en ne passant pas sous silence ce qu’il avait tenté pour la défendre ; puis il termina en disant :

— Je crois donc, ma chère enfant, que vous eussiez mieux fait de rester chez vous ; évidemment, vous y auriez eu quelque scène violente avec M. du Longpré ; mais comme cette scène n’aurait pas eu de témoins, qui sait si vous n’en seriez pas sortie victorieuse et pardonnée ? Les hommes, même les meilleurs, sont parfois plus sensibles encore aux blessures faites à leur orgueil qu’à celles qui sont faites à leur cœur. Ma présence ne pouvait que vous nuire.