Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/191

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accent de colère croissante que M. de Martry reprit vivement :

— Ah ! tu ne vas pas me chercher querelle, à moi, je suppose ? Oui, sa honte ! Et puisque je t’ai dit le mot, je vais te raconter la chose, car, enfin, je ne puis pas te laisser te pencher une seconde fois sur l’abîme, sans essayer de te sauver. Promets-moi seulement de m’écouter jusqu’au bout. Lorsque je t’aurai armé contre le danger qui te menace, nous nous couperons la gorge, si cela te convient !

— Parlez, je vous promets de ne pas vous interrompre.

M. de Martry raconta alors à Richard ce qu’il savait de Gabrielle, ce qu’elle lui avait dit elle-même : sa déception à Bourbon, son voyage avec M. du Longpré, l’amour de celui-ci, sa chute, la promesse du créole de l’épouser, son arrivée en France, son existence isolée dans un quartier éloigné, sa grossesse, sa rupture à la suite de ce que son amant avait appris, la naissance de sa fille, la scène qui, la veille, s’était passée chez lui, rue du Cirque, et enfin le serment qu’avait fait la jeune femme de se venger. Puis il termina en disant :

— Voilà les aventures de Gabrielle. Maintenant,