Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/21

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Me Duchemin raconta rapidement, sans souffler une seule fois pour ainsi dire, tout ce qui s’était passé depuis le jour où il avait écrit à son collègue de Paris.

Puis il termina son récit par un long compliment de condoléance et par l’offre des cinquante mille francs dont les héritiers de M. Morin étaient prêts à faire le sacrifice.

Madame Berthier avait écouté tout cela sans comprendre. Elle voulait croire que celle révélation terrible était une épreuve.

Il ne lui paraissait pas possible qu’un homme grave, un officier ministériel, lui eût fait exécuter un aussi long voyage pour lui apprendre que son frère l’avait déshéritée, après lui avoir d’abord laissé toute sa fortune. Aussi ne pouvait-elle trouver aucune parole pour exprimer son incrédulité, son désespoir et sa colère.

Ce fut sa fille qui la rappela au sentiment de la situation vraie.

— Nous n’avons plus rien à faire ici, ma mère, dit-elle avec une grande dignité ; monsieur s’est trompé, il doit en éprouver le plus vif regret ; nous ne saurions le rendre responsable de son erreur. Partons !

— Mais, mon enfant, les choses ne peuvent se