Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/229

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line, et le notaire lui ayant appris que l’état d’homme marié, même sans enfant, est, jusqu’à cinquante ans, un cas absolument rédhibitoire pour l’adoption, il avait sacrifié son propre bonheur au devoir que l’avenir lui réservait peut-être.

C’est alors que M. du Longpré avait voulu marier sa cousine, et c’est alors aussi que madame Dormeuil, arrachant enfin un jour à la jeune fille son douloureux secret, était venue lui dire :

— Monsieur Paul, ne cherchez pas un époux pour mademoiselle Blanche ; elle vous aime et n’aimera jamais que vous !

Cette révélation, on le conçoit, fut accablante pour M. du Longpré, car elle éveilla en lui, non pas un sentiment d’orgueil, mais de violents remords et les plus douloureux regrets. Elle le plaçait dans cette situation terrible pour un homme de son caractère : ou d’abandonner à jamais l’espoir de rapprocher de lui son enfant, ou de sacrifier cette jeune fille que son père avait confiée à sa tendresse, qui n’avait que lui pour famille.

Entraîné par son propre sentiment pour Blanche, il hésita un instant, et ce fut une horrible lutte que celle qui s’engagea dans son esprit entre ces deux passions également profondes, si différentes qu’elles fussent ; mais le devoir et l’amour