Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/252

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genoux, et manifestait sa passion mieux encore dans une menace que par une caresse.

Comme il plaît au psylle hindou d’exciter la colère des vipères naja pour prouver davantage encore sa puissance de fascination sur les terribles reptiles, de même il plaisait à Gabrielle de jouer avec les désespoirs et les accès de colère du malheureux que, d’un regard, d’un geste ou d’un sourire, elle pouvait attirer palpitant sur son cœur.

Depuis le jour où la femme s’était éveillée en elle, mademoiselle Berthier n’avait été inspirée que par deux sentiments : son amour pour Richard et son incommensurable ambition de briller dans quelque monde que ce fût.

Rejetée deux fois des milieux honnêtes par des circonstances fatales et logiques, elle s’était juré d’être au premier rang parmi les courtisanes, et elle s’était tenu parole, sacrifiant impitoyablement à cette irrévocable volonté son amour même, pour n’y revenir que lorsqu’elle était saturée de satisfactions de vanité.

Fatiguée d’adulations fades et des marchés infâmes, elle éprouvait alors, après s’être vendue, un enivrement immense à se donner.

Il ne faudrait pas supposer que nous créons ici un tempérament féminin tout exprès pour les be-