Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/62

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— Oh non ! jamais, jamais ! s’écria tout à coup Gabrielle en s’arrachant à cette étreinte passionnée.

Et avant que le jeune homme fût revenu de son étonnement, mademoiselle Berthier gagna l’escalier de dunette où elle disparut.

M. du Longpré, qui s’était élancé sur ses pas, mais n’avait osé la suivre jusque dans la chambre, l’entendit fermer brusquement sa porte.

Il put alors se convaincre que personne n’avait été témoin de cette scène : l’équipage exécutait à l’avant une manœuvre que l’officier de quart commandait lui-même, et tout le monde dormait à l’arrière.

Rassuré sur ce point et plus maître de lui, il retourna à cette même place qu’il occupait quelques instants auparavant avec Gabrielle, et là, les yeux fixés sur la faible lueur qui s’échappait de la cabine de la jeune fille, il réfléchit à ce qui venait de se passer.

Mademoiselle Berthier l’aimait, il n’en pouvait plus douter. Alors pourquoi ces réticences, ces combats, ces changements brusques et sans causes appréciables dans sa manière d’être avec lui ? Quel était donc ce secret qui lui défendait de céder à ses propres sentiments ? Ne lui avait-il donc pas