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La jeune fille, les coudes sur la table, le menton dans ses deux mains, n’avait pas sourcillé à la nouvelle du danger qui s’approchait.

Paul, brave entre tous et qui, d’ailleurs, avait souvent assisté à Bourbon à ces typhons terribles qui ravagent la colonie périodiquement, Paul la contemplait avec admiration.

— Qu’est-ce qu’un cyclone ? lui demanda-t-elle tout à coup de sa voix la plus douce.

M. du Longpré lui expliqua rapidement les phénomènes spéciaux que présente ce genre d’ouragan, tout en lui affirmant que, la marche des cyclones étant connue, un navire aussi solidement construit et aussi bien commandé que l’Espérance avait toutes les chances de son côté.

— Et si l’Espérance ne parvient pas à sortir de ces terribles cercles concentriques que vous venez de me décrire ? insista la jeune fille, toujours calme, presque souriante[1].

— Mais je ne veux pas m’arrêter à cette supposition, fit vivement le créole que le sourire même de mademoiselle Berthier effrayait.

  1. Nos lecteurs comprendront pourquoi nous ne nous livrons pas ici à une définition plus étendue du cyclone. Il nous semble qu’elle ne serait pas à sa place, et nous préférons, au lieu d’en appeler à nos souvenirs, les renvoyer aux intéressants ouvrages écrits sur ce sujet.