Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/79

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dangers, le brave clipper était parvenu à échapper à la tourmente.

Il ne restait plus trace à bord de cette épouvantable lutte dans laquelle il avait failli succomber.

Réparé, grâce aux rechanges dont il était muni ; gracieux comme le jour de son départ de Bourbon, le trois-mâts s’avançait toutes voiles dehors. Ses passagers avaient oublié depuis longtemps déjà les mauvais jours. Ne pensant plus qu’à l’arrivée, ils ne quittaient la dunette et les longues-vues que pour faire leurs préparatifs de départ.

Seuls, deux des hôtes du capitaine Saulnier songeaient à toute autre chose qu’aux joies du débarquement. C’étaient Paul et Gabrielle.

Sous le prétexte de lui rendre les livres qu’elle lui avait prêtés, M. du Longpré avait amené mademoiselle Berthier dans sa cabine. Du reste, chacun s’occupait trop de soi pour faire attention à eux.

La physionomie de Gabrielle exprimait la plus profonde tristesse. Ses traits étaient tirés, ses yeux brillants de fièvre. Un sourire amer crispait ses lèvres pâlies.

Paul était grave, solennel.

Il prit dans les siennes les deux mains brûlantes