Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/98

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plupart des marins conservent après avoir abandonné la mer.

M. de Martry avait, en effet, servi pendant de longues années ; mais, après être arrivé un des premiers de sa promotion au grade de capitaine de vaisseau, il avait tout à coup pris sa retraite, bien qu’il fût à peu près certain de devenir officier général.

Ceux de ses amis qui le connaissaient tout à fait n’avaient pas été surpris de cette détermination. M. de Martry était un homme un peu sceptique, sans nulle ambition, qui avait estimé qu’après avoir navigué pendant une trentaine d’années, ce qui lui restait de seconde jeunesse lui appartenait bien en propre, et qu’il pouvait terminer sa vie à sa guise.

Sans proches parents, maître d’une certaine fortune qui le rendait indépendant, il était venu se fixer à Paris, où il avait déjà fait de fréquents séjours. Là, sans souci du qu’en-dira-t-on, il vivait en vieux garçon, préférant aux grands salons et aux réceptions officielles les foyers des théâtres à la mode, les boulevards et son cercle, le yacht-club, où il dînait d’ordinaire, car tout son domestique se composait d’un brave matelot dont la science culinaire n’allait guère au delà de