Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/118

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est trop ignorante des choses de la vie pour voir là un cas rédhibitoire. Elle sera ravie, au contraire, de savoir qu’elle trouvera tout de suite, dans son ménage, un enfant, pour ainsi dire un frère, à soigner et à aimer. Donc de ce côté rien à redouter ; mais ce qui pourrait se faire, ce serait que Claude ne vous plût pas.

— Oh ! comment supposer cela ?

— Vous ne la connaissez que par ce portrait et par ce que nous vous en avons dit, le docteur et moi. Nous sommes peut-être tous deux remplis d’illusions à son endroit. J’estime donc qu’avant tout il serait nécessaire que vous la vissiez. Or elle ne peut ni ne doit venir ici. Elle n’y est jamais venue. Je compte partir ce soir pour Verneuil ; voulez-vous m’y rejoindre demain matin avec M. Guerrard ?

— Je suis à vos ordres mais pourquoi désirez-vous que Paul m’accompagne ?

— Parce que ma fille, en vous voyant arriver avec votre ami, qu’elle connaît depuis longtemps, sera moins surprise, moins gênée que si vous étiez seul.

— C’est vrai ! Quel train devons-nous prendre ?

— Celui de Mantes, à dix heures et demie. J’enverrai une voiture vous attendre à la gare d’arrivée, vous serez à la villa en dix minutes ; le docteur en connaît bien la route. Vous me ferez l’honneur de déjeuner chez moi ou plutôt chez ma tante ; la présentation aura lieu ainsi tout naturellement. Je ne saurais vous affirmer que Claude ne devinera pas un peu le motif de votre présence dans cette maison où jamais aucun homme, sauf M. Guerrard et son père, n’est entré depuis qu’elle m’appartient ; les jeunes filles, si pures